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Programme d’Excellence Alimentaire du Bergeracois

 

 

 

De nouvelles perspectives pour le Bergeracois

À l’échelle du département de la Dordogne, seule 14,6% de la surface agricole utile est cultivée en « bio ». C’est certes le premier département en culture bio de la Nouvelle-Aquitaine, mais beaucoup reste à faire pour répondre à la demande locale, départementale voire au-delà (Libourne, Bordeaux).

La position géographique avantageuse, la disponibilité en eau grâce à la Dordogne, la qualité agronomique des sols et le savoir-faire d’exploitants motivés ont conduit le Pays du Grand Bergeracois à mettre en place un Projet Alimentaire Territorial. Restait à décliner localement ce projet, et, à s’assurer des retombées économiques, sociales et environnementales.

C’est désormais chose faite sous l’impulsion de la Communauté d’Agglomération du Bergeracois. Avec la mise en œuvre d’un Programme d’Excellence Alimentaire (PEA), il est question d’offrir de nouvelles perspectives au territoire en s’appuyant sur ses propres ressources à savoir les Hommes, la terre et l’eau.

L’enjeu consiste, dès à présent, à développer un écosystème viable allant de la production jusqu’à la distribution, en passant par le stockage et la transformation. Le PEA expérimenté par la CAB poursuit trois grands objectifs.

1 : Manger mieux et local

Le premier est un enjeu de santé publique. Il s’agit de pallier le déficit en légumes « bio » et autres produits locaux comme le poisson d’eau douce, en approvisionnant de façon régulière les marchés de proximité – à commencer par la restauration collective en forte demande, et en particulier les cantines scolaires, hospitalières et celles des EHPAD. La création d’un circuit local organisé par les acteurs publics du producteur au consommateur n’a pas seulement pour avantage de réduire le nombre d’intermédiaires qui font monter les prix. C’est aussi le plus sûr moyen de réduire le bilan carbone de nos aliments…

2 : Reconquérir l’eau et la nature

Le deuxième objectif est celui de la reconquête de la qualité l’eau et de la sauvegarde de la biodiversité. En préférant l’action mécanique au traitement chimique et en limitant la consommation d’eau, les exploitants agricoles contribuent à améliorer la qualité de la nappe alluviale. C’est un enjeu stratégique pour toute la région car le réchauffement climatique risque de provoquer des crises de l’eau ! 

    3 : Une filière rentable

    Le troisième objectif est économique et social. Les maraîchers attendent un accès plus commode au foncier, des aides à la mécanisation et un revenu plus élevé grâce aux nouveaux marchés. Ils pourront bénéficier de la plate-forme de l’Escat destinée, à court terme, à stocker et transformer les légumes, et, à plus long terme, à valoriser le poisson de la  Dordogne. L’effet d’entrainement favorisera à coup sûr l’installation à l’Escat d’autres entreprises de l’agroalimentaire.

    « Les maires souhaitent approvisionner les cantines en légumes bio et locaux pour satisfaire une demande croissante. Jusqu’à présent, nous étions dans l’impossibilité de le faire, d’où la recherche de solutions pour développer une production, d’abord maraîchère, puis légumière. Plusieurs obstacles ont pu être dépassés au cours des derniers mois (trouver des producteurs volontaires, un site de stockage…).
    Notre but est de créer un écosystème agro- économique profitable à toute la vallée qui contribue à son désenclavement. Il est aussi important de changer les pratiques agricoles, en particulier sur les parcelles riveraines, de façon à reconquérir et préserver la qualité de l’eau, participant à la préservation de la biodiversité et à la sauvegarde des poissons migrateurs. Beaucoup reste à faire en termes de formation et d’aide à apporter aux agriculteurs (aide à la mécanisation notamment) mais je suis très déterminé à faire aboutir ce qui est à la fois un projet éthique et une démarche environnementale, sociale et économique vertueuse à court moyen et long termes. ».

     

    Frédéric Delmarès

    Président de la CAB

    OBJECTIF : Manger mieux !

    Les autorités de santé autant que le bon sens nous invitent à manger mieux. L’époque de la « malbouffe » dénoncée dès les années 1990 à grand renfort d’actions médiatiques n’est cependant pas derrière nous. Répondre à ce pari exige d’abord d’éduquer nos enfants au goût, par exemple en proposant dans les cantines scolaires des produits sains et locaux.

    Or, le législateur impose précisément 20 % de produits bio et 50 % de produits durables sous signe d’origine et de qualité dans la restauration collective au 1er janvier 2022 au titre de la Loi n°2018-938 du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous.

    Dans un pays réputé pour sa gastronomie comme le Bergeracois, cette obligation n’est pas à proprement parler un problème mais plutôt l’opportunité de réorganiser le marché de la restauration collective et d’offrir des débouchés aux producteurs locaux.

    Pour l’heure, six agriculteurs qui se destinent à la production légumière « bio » sur 67 hectares, et deux pêcheurs, se disent prêts à relever le pari d’introduire a minima 20 % de légumes et poissons locaux pour la préparation de ces 19 000 repas si les gestionnaires jouent le jeu ! Il convient donc de structurer une filière car la CAB n’a pas la compétence restauration scolaire, excepté celle des crèches et des centres de loisirs. L’approvisionnement des restaurants scolaires est à l’initiative de chaque maire, tandis que les EHPAD sont privés. La Région gère les lycées et le Département les collèges…

    OBJECTIF : Reconquérir l’eau et la nature

    Des produits, même bio, qui parcourent des milliers de kilomètres n’ont pas de raison de finir dans nos assiettes car leur bilan carbone est médiocre. C’est pourquoi la CAB encourage la culture des légumes bio (carottes, pommes de terre, poireaux, etc.) ainsi que la pêche professionnelle des poissons d’eau douce de la Dordogne (sandres, silures…). De surcroît, les maraîchers bio utilisent des outils mécaniques et non des traitements chimiques d’où une reconquête progressive de la qualité de la nappe alluviale et une réduction de l’exposition des exploitants aux risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires. Douze pompages d’eau destinée à l’eau potable ont été abandonnés, qu’il faut reconquérir. Si, à partir des sites déjà exploités dans le cadre du PEA, la preuve est faite que le bio est à la fois rémunérateur et profitable au territoire, il est fort à parier que la place qu’il occupera demain sera bien supérieure à celle qu’il occupe aujourd’hui. Moyennant quoi, l’intérêt pour l’environnement sera décuplé (baisse de la consommation d’eau, biocénoses protégées, diversification des paysages). L’idée du PEA n’est pas nouvelle mais son impact sur l’environnement passe souvent au second plan. C’est oublier un peu vite combien la question est cruciale pour l’avenir du territoire et, bien au-delà, pour la région métropolitaine de Bordeaux qui s’esquisse peu à peu. Avec ses ressources en eau, son patrimoine paysager et les grandes étendues de nature dont la Dordogne constitue l’ossature, le Bergeracois pourrait se positionner comme une porte d’entrée d’avenir pour le Grand Bordeaux à l’horizon 2050.

    « La clef de l’agriculture biologique c’est de travailler sur le sol et les rotations, de façon à réduire les intrants et l’irrigation. C’est ainsi que l’on arrive à être durables, performants et rentables. On en n’est qu’au début du projet du PEA. Si les acteurs s’y engagent vraiment, en termes d’aide à la mécanisation, de formation, ou pour l’accès au foncier, je pense que ça vaut la peine ».

     

    Thimothé Pourtalès
    Exploitant agricole BIO

    « Le site des Nebouts a l’avantage d’être localisé à proximité de la rocade du Bergeracois, de la voie verte et à 100 km de Bordeaux. J’ai plaisir à le faire renaître alors qu’il était à l’abandon depuis une dizaine d’années. Bien sûr, je travaille dans le lit majeur de la Dordogne – laquelle peut m’embêter de temps en temps lors des inondations. Mais ce site est une splendeur au plan agronomique : il y a un potentiel même avec peu de terrain à condition d’être bien mécanisé et un minimum organisé ! »

     

    Frédéric Coget
    Exploitant agricole BIO

    OBJECTIF : Un nouveau modèle économique !

    Des expériences réalisées un peu partout en France ont montré que les dispositifs pareils au PEA que la CAB met en place, relèvent d’un modèle économique robuste. Localement, des associations telles que Terres de liens et Agro Bio Périgord ont contribué à rendre réaliste une telle entreprise au même titre que la chambre d’agriculture de Dordogne et Pays’en graine.
    Il y a beaucoup à faire pour constituer un écosystème en tant que tel (élaboration d’un outil de gestion du matériel et du fonctionnement entre agriculteurs, regroupement des agriculteurs sous une même entité, accompagnement technique et formation à la production légumière, accompagnement pour la planification et la contractualisation, investissement en matériel spécifique pour la production légumière, répondre au besoin de stockage). La CAB investit en ce sens en faveur des producteurs déjà mobilisés.
    La CAB, en partenariat avec Manger Bio Périgord, s’attèle à la création d’une plate-forme à l’Escat pour stocker, transformer et optimiser la distribution vers le commerce de gros et de demi-gros en proposant des volumes conséquents aux opérateurs (contractualisation et mise en place d’un schéma de planification). Un transporteur privé occupera 200 m2 et les travaux seront achevés fin 2021. L’ancien site militaire aura ainsi une deuxième vie.
    Le site redevient attractif, en témoignent les entreprises déjà installées (brasserie Liquidis, atelier des maraîchers, brasserie artisanale la Nové, …) et celles susceptibles de s’y implanter comme l’atelier de transformation du poisson de l’association des pêcheurs professionnels et un laboratoire de transformation de viande « bio ». Maîtriser le cycle allant de la production jusqu’à la distribution est la clef pour garantir aux producteurs un revenu stable et plus élevé.

    « Les agriculteurs partants pour le projet sont pour certains d’anciens céréaliers, d’où un potentiel de terres assez conséquent. [Il faut désormais] les aider, avec la création d’un fond pour acheter du matériel qui sera mis en commun par le biais d’une CUMA, et les former avec AgroBioPerigord et la Chambre d’Agriculture. En outre, une société adhoc sera créée à l’initiative de la CAB afin de gérer le développement de l’ESCAT ».

     

    Céline Jardin
    Coordinatrice du Programme d’Excellence Alimentaire

    Une ambition pour le bassin de la Dordogne

    Le bassin versant de la Dordogne – classé en Réserve Mondiale de Biosphère par l’UNESCO en 2012 – représente un extraordinaire jardin où d’autres PEA sont susceptibles d’émerger en fonction de la spécialisation des territoires qui le composent.

    Petits fruits de Corrèze, fromages et viandes du Puy de Dôme et du Cantal, fruits à coque, élevages de palmipèdes ou grands secteurs viticoles de Dordogne et de Gironde, valorisation des étangs du nord du bassin (cypriniculture) sont autant d’atouts territoriaux à mettre davantage encore en valeur, en structurant pour chacune une filière bio avec l’aide des techniciens agricoles, des collectivités et de l’État.

    Légumes « bio », poissons de la Dordogne et du Bergeracois remplaceront avantageusement, tant pour les consommateurs (santé, environnement, goût) que pour les producteurs (reconnaissance de leur travail, rémunération en hausse), les assiettes d’aujourd’hui.

    Reste à inventer d’autres PEA, chacun avec sa propre spécificité, et à les mettre en synergie, de façon à renforcer l’effet d’entrainement que générera une telle démarche collective. Cela suppose de ne plus opposer terre et eau, mais au contraire de rechercher les services qu’ils se rendent mutuellement. 

    Le bassin de la Dordogne a été classé Réserve de biosphère par l’UNESCO, lors des États Généraux de la Dordogne organisés à Bergerac en 2012. Au fond, le terme de « Réserve » est impropre. Il s’agit davantage d’un territoire jugé exceptionnel aux plans naturel et culturel et qui fait tout pour le rester.
    Une réserve de biosphère s’apparente à un « lieux d’apprentissage du développement durable», où l’on teste des démarches innovantes qui concilient conservation de la diversité biologique et dynamiques économiques et sociales.
    Dans ce contexte, les initiatives comme celles du PEA Bergeracois sont des exemples démonstrateurs qui peuvent et doivent se développer à l’échelle du bassin. La variété des terroirs – qu’expliquent le climat, le relief ou encore la nature des sols et des sous-sols – nous y invite.
    Les experts de Dordogne 2050 nous prédisent moins d’eau dans nos rivières et des températures plus élevées ? Les PEA répondent précisément aux enjeux climatiques, tout en apportant des réponses concrètes aux préoccupations (foncières et financières) de la profession agricole. Alors au travail !

     

    Germinal Peiro
    Président du Conseil Départemental de Dordogne, Président d’EPIDOR

     

    Infos pratiques du service Programme d’Excellence Alimentaire du Bergeracois

    Communauté d’Agglomération Bergeracoise
    Tour Est – CS 40012
    24112 Bergerac Cedex

    Tél. : 05 53 23 43 95